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Compensation • Objectif Net Zéro: Le marché carbone volontaire entre dans une nouvelle dimension

Ce « dossier spécial » du Bilan mondial de l’action climat 2022, publié en partenariat avec EcoAct, présente un panorama des tendances récentes des réglementations, des initiatives et des outils qui retracent les transactions de crédit carbone dans les marchés volontaires.

Année de publication

2022

Rédacteur

Observatoire Climate Chance

Né du Protocole de Kyoto en 1997, le marché carbone volontaire a pris une place considérable ces dernières années dans les débats sur les voies de transition vers la « neutralité carbone ». En plein essor, l’achat et la vente de crédits carbone dans une logique de compensation des émissions sont portés par la vague des engagements non-étatiques vers le « net zéro ». Plus qu’un outil arithmétique pour équilibrer le bilan carbone des organisations, l’échange de crédits carbone s’affirme comme un canal de mobilisation des capitaux privés au service du financement de projets d’atténuation. Peu à peu, le marché se structure, les instruments se multiplient et les volumes échangés s’accroissent ; mais en l’absence de réglementation universelle et de standardisation des pratiques, la financiarisation du marché soulève des inquiétudes sur l’intégrité des projets et des allégations de « neutralité carbone » portées par les entreprises.

  • 2021 fut une année faste pour le marché carbone volontaire, porté par la vague d’engagements des entreprises à atteindre « zéro émission nette ». Multipliée par quatre en un an, la valeur des crédits échangés au niveau mondial montre l’intérêt croissant des entreprises pour cet instrument dans le cadre de leurs plans de transition.
  • Les crédits certifiant les projets de solutions fondées sur la nature rencontrent un succès florissant et occupent la première place du marché. Les cobénéfices pour la biodiversité et le développement des communautés locales sont également très recherchés.
  • Les crédits d’élimination, qui permettent la captation et la séquestration additionnelle de CO2 à long terme, demeurent très peu développés.

Dynamique, le marché carbone volontaire n’en demeure pas moins modeste et éloigné des niveaux de tarification du carbone jugés compatibles avec une trajectoire limitant le réchauffement à 2 ou 1,5 °C. Si elle permet de canaliser des ressources financières privées vers des projets bénéfiques à l’atténuation des émissions de GES, la possibilité offerte aux acteurs de revendiquer leur « neutralité carbone » en l’absence de norme universelle suscite la controverse. C’est pourquoi, de nouveaux cadres de gouvernance et standards sont en cours d’élaboration pour réguler l’usage des crédits carbone et encadrer les stratégies fondées sur la neutralité carbone.  Si l’adoption de l’article 6 de l’accord de Paris ne change pour l’instant pas les fondamentaux du marché, il doit permettre une meilleure intégration du marché volontaire avec celui des États signataires.