Industrie • Le CCUS entre dans une période charnière

La plupart des scénarios internationaux actuels de référence autour de la neutralité carbone (AIE, GIEC) incluent à des degrés divers des technologies de CCUS, mais au vu des difficultés passées et actuelles à les mettre en œuvre, des incertitudes demeurent quant à la possibilité de les déployer aux échelles prévues.

Année de publication

2021

Rédacteur

Observatoire Climate Chance

En entérinant l’objectif de « parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle », l’Accord de Paris a mené les États et les acteurs non-étatiques à se saisir du concept de neutralité carbone, et à s’intéresser aux « émissions négatives ». Ainsi, le sujet de la compensation a pris de l’ampleur, mais aussi, dans une moindre mesure, celui du captage de carbone en vue de son stockage géologique ou de son utilisation (CCUS – Carbon Capture Utilisation and Storage). Actuellement, la plupart des scénarios internationaux de référence autour de la neutralité carbone (AIE, GIEC) incluent à des degrés divers des technologies de CCUS, mais au vu des difficultés passées et actuelles à les mettre en œuvre, des incertitudes demeurent quant à la possibilité de les déployer aux échelles prévues.

  • Depuis 2015, les CCUS connaissent un regain d’intérêt et les conditions semblent à nouveau favorables pour leur déploiement. Mais en raison d’un certain nombre d’incertitudes économiques (viabilité du CCUS), techniques (sécurité lors des différentes étapes de la chaîne de production) et stratégiques (quelle part leur accorder dans les stratégies de décarbonation ?), les acteurs privés et les pouvoirs publics hésitent encore à se lancer dans des projets de dimension industrielle ou dans le financement d’infrastructures.
  • Actuellement, si les CCUS sont de plus en plus présentés comme pertinents pour certains secteurs d’activités (émissions de l’industrie lourde) et certaines applications (notamment pour le déploiement des NET), ils demeurent envisagés par les acteurs politiques comme des solutions secondaires ou des solutions de secours si les autres mécanismes de décarbonation venaient à faillir.
  • Sur le plan sociétal, ils ne font pas l’objet d’un débat vivace et demeurent encore peu visibles en dehors de certaines sphères spécifiques (ONG, institutions spécialisées dans la transition énergétique) ou lors des tentatives de mises en oeuvre de projets locaux. Peu d’acteurs politiques, institutionnels et territoriaux sont mobilisés en leur faveur. Pour ces raisons, leur déploiement à grande échelle, du moins dans les proportions envisagées par l’AIE ou certains scénarios du GIEC, de l’ordre de la gigatonne par an dès 2030, demeure très incertain.