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Énergie • Entre relance des fossiles et sobriété d’urgence, le douloureux apprentissage de l’adaptation des réseaux électriques

Confrontés aux effets du changement climatique, les réseaux et les infrastructures énergétiques ont rencontré des difficultés à répondre à la demande. L’intégration de l’adaptation dans les scénarios et politiques de transition semble plus que jamais complémentaire des stratégies d’atténuation.

Année de publication

2022

Rédacteur

Virginie Hugues, Consultante adaptation au changement climatique

Largement confrontés aux effets du changement climatique, les réseaux et infrastructures énergétiques ont rencontré des difficultés à assurer un niveau d’approvisionnement à la hauteur de la demande lors de pics de consommation ou d’affaiblissement des capacités de production. Aux États-Unis, en Europe, en Inde, en Chine ou encore au Brésil, plusieurs épisodes climatiques extrêmes ont souligné durant l’année écoulée la vulnérabilité des réseaux électriques. Alors que le gaz, le pétrole et le charbon offrent un relai d’urgence très carboné aux défaillances ponctuelles des réseaux, la guerre en Ukraine a souligné combien cette dépendance aux énergies fossiles était coûteuse pour l’autonomie stratégique des acteurs. Ainsi, l’intégration de l’adaptation dans les scénarios et politiques de transition semble plus que jamais complémentaire des stratégies d’atténuation.

  • La crise des marchés énergétiques aura révélé l’exposition des réseaux et des infrastructures énergétiques à l’intensification du changement climatique. La conjoncture actuelle pourrait cacher des défis plus structurels posés par le changement climatique.
  • La vétusté des infrastructures, la concentration des capacités de production et le manque d’anticipation des besoins d’adaptation comptent parmi les causes de vulnérabilité des réseaux sur le plan infrastructurel et organisationnel. La «maladaptation » elle-même devient un facteur de déstabilisation des réseaux. 
  • Deux principaux modèles de réponses sont apparus entre 2021 et 2022. D’abord, le recours d’urgence aux énergies fossiles  pour relayer les capacités de production renouvelables, souligne comment l’impréparation de l’adaptation peut entrer en contradiction avec les stratégies d’atténuation. De plus, la guerre en Ukraine a rappelé le coût géostratégique d’une telle dépendance aux fossiles. À ce titre, l’accélération de la transition du mix énergétique vers des énergies bas carbone fait figure de pierre angulaire d’une stratégie d’adaptation des réseaux de production et l’autonomie stratégique des États et des acteurs non-étatiques. 
  • La propulsion soudaine de la « sobriété » en haut de l’agenda politique, sous la forme de plans d’urgence impulsés par les États, ouvre de nouveaux horizons pour le pilotage de la demande dans les scénarios de transition. Ses conséquences durables seront à observer dans les années qui viennent.

L’adaptation des acteurs et infrastructures énergétiques requiert l’adoption d’une approche holistique et écosystémique des enjeux énergétiques afin de mieux maîtriser les effets en cascade (sur un réseau ou entre différents réseaux) ou encore les conflits d’usage en cas de raréfaction des ressources. L’intégration des données et des prévisions climatiques de long terme dans la planification, le dimensionnement et le fonctionnement des infrastructures énergétiques se révèle cruciale afin d’anticiper le plus tôt possible les effets des changements climatiques sur les infrastructures et réseaux énergétiques.