Pérou • Préserver la forêt amazonienne péruvienne : un défi sociétal

Alors que la déforestation et la dégradation des forêts sont la première source d’émissions de CO2 du Pérou avec 143 000 ha disparus rien qu’en 2017 sur les 69 millions que compte le pays, l’objectif de 0% de déforestation en 2021 affiché par le gouvernement apparaît comme ambitieux.

Année de publication

2018

Localisation

Pérou

Rédacteur

Aude Valade • Marie Sklodowska Curie fellow, CREAF

Introduction

En accueillant la COP20 à Lima en 2014 le Pérou s’est placé en chef de file des pays d’Amérique Latine sur le front de la lutte contre le changement climatique. Alors que la déforestation et la dégradation des forêts sont la première source d’émissions de CO2 du Pérou avec 143 000 ha disparus rien qu’en 2017 sur les 69 millions que compte le pays, l’objectif de 0% de déforestation en 2021 affiché par le gouvernement apparaît comme ambitieux. La diversité des activités économiques qui grignotent les forêts rend ces objectifs difficiles à réaliser. Les plantations industrielles mais aussi familiales de café, cacao ou d’huile de palme, l’extraction d’or, ou l’exploitation forestière appellent des mesures différentes. En parallèle de la mise en place par l’État d’un cadre législatif marqué par la Loi cadre sur le changement climatique de 2018 et de la poursuite de la zonification des forêts, ONG, chercheurs, presse indépendante, collectivités territoriales et communautés locales s’investissent pour surveiller, rendre compte et lutter sur le terrain contre la déforestation en s’appuyant souvent sur le programme REDD+ de l’UNFCCC.

Sommaire

1 – Des objectifs nationaux ambitieux mais parfois contradictoires
• La déforestation, première source d’émissions
• Engagements ambitieux et affinement du cadre législatif

2 – Des multinationales au crime organisé, les moteurs de la déforestation
• Expansion agricole
• Orpaillage
• Exploitation de bois
• Les moteurs indirects de la déforestation

3 – Les multiples visages de la lutte contre la déforestation
• Chercheurs et ONG organisent le suivi en temps réel de la déforestation
• Rôle des autorités locales
• REDD+ cadre privilégié de l’action des acteurs non étatiques

Conclusion

En conclusion, le gouvernement péruvien a mis en place ces dernières années un cadre institutionnel et législatif riche sur le plan environnemental qui doit augmenter les capacités de l’État dans sa lutte contre la déforestation. Ce cadre réglementaire est cependant fragile devant les intérêts économiques d’acteurs locaux et le manque de cohésion entre les différentes échelles de gouvernance pour appliquer les lois. La société civile joue un rôle primordial dans la stimulation de l’action environnementale par le développement de projets locaux de préservation de la forêt et de développement d’alternatives pour leur exploitation durable et d’outils de surveillance de la déforestation. L’articulation entre les initiatives locales et le cadre national sera cruciale dans les prochaines années pour maintenir une dynamique qui peine encore à donner des résultats.