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Bâtiment • Des villes américaines se lancent dans une bataille contre le gaz pour rendre les bâtiments « tout électrique »

Les énergies fossiles sont les principales émettrices de gaz à effet de serre pour le chauffage des bâtiments. Cependant, l'électricité est devenue un concurrent sérieux grâce à l'essor des énergies renouvelables, ce qui a créé une rivalité aux États-Unis en matière de climat, d'économie et de politique.

Année de publication

2021

Rédacteur

Observatoire Climate Chance

Les énergies fossiles sont les sources d’énergie privilégiées pour le chauffage des bâtiments, ce qui en fait un poste d’émission de gaz à effet de serre majeur au niveau mondial. Depuis quelques années cependant, l’électricité émerge comme un rival sérieux, portée par le boom des renouvelables qui en fait un outil de décarbonation incontournable. Depuis deux ans, cette rivalité s’illustre très concrètement aux États-Unis, où villes et États s’affrontent sur cet enjeu climatique, mais également économique et politique.

  • L’énergie thermique des bâtiments, principalement issue des énergies fossiles, représente plus des trois quarts de la consommation mondiale et est responsable de près de 45% des émissions de GES des bâtiments, soit environ 12% des émissions mondiales.
  • Porté par un marché très favorable au début des années 2010, le gaz naturel a été érigé comme « bridge fuel » aux États-Unis, censé permettre une transition énergétique progressive, et agir comme un tampon entre l’abandon du charbon très émetteur de gaz à effet de serre et le déploiement des renouvelables. Néanmoinns, certaines villes optent pour le « tout-électrique » afin de passer aux énergies renouvelables pour alimenter les équipements.
  • Malgré la résistance de certains États et entreprises du gaz, de nombreuses villes sont parvenues à imposer l’électrification des nouveaux bâtiments.

Alors que l’électrification des systèmes de chauffage est désormais reconnue comme un levier de décarbonation efficace (à condition de les alimenter en électricité bas carbone), les politiques engagées par les États restent globalement timides et mettent davantage l’accent sur l’abandon des chaudières au fioul, quitte à subventionner les chaudières à gaz, toujours présenté comme un « bridge fuel ».

En parallèle, aidées par des contextes économiques, politiques et énergétiques globalement favorables aux renouvelables, une cinquantaine de villes aux États-Unis ont pris les devants depuis deux ans en prononçant chacune l’interdiction ou la restriction de l’usage du gaz dans les nouveaux bâtiments. La réponse des fournisseurs et producteurs de gaz ne s’est pas fait attendre : d’intenses campagnes de lobbying ont conduit une vingtaine d’États fédérés à empêcher leurs municipalités de prendre de telles mesures, des conflits qui mettent en jeu la transition juste de l’emploi dans les régions dépendantes de la production d’hydrocarbures, ainsi que l’accès du plus grand nombre à une énergie abordable et décarbonée mettant en avant la préservation des emplois et la protection des consommateurs.