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Déchets

Maroc • La société marocaine en ordre dispersé contre la prolifération des déchets

Au coeur d’un espace méditerranéen marqué par la pollution et la prolifération des déchets, le Maroc peine pourtant à concrétiser ses premiers engagements, pris il y a plus de dix ans, pour structurer ses systèmes de collecte et de traitement des déchets. Comment mettre en cohérence les efforts épars des acteurs et citoyens marocains ?

Année de publication

2020

Localisation

Maroc

Rédacteur

L'équipe de l'Observatoire Climate Chance

Sommaire

1. Les déchets au Maroc, un secteur d’émission clé érigé « priorité nationale »

2. Gouverner le climat, gérer les déchets : un cadre national ambitieux aux progrès inégaux

3. Organiser la collecte, encadrer le traitement : la responsabilisation croissante des territoires

  • Une planification de la gestion des déchets lacunaire malgré une décentralisation renforcée
  • Professionnaliser la collecte, moderniser les traitements : les collectivités avancent dans la pyramide des déchets

4. Le secteur privé entre moteur opérationnel du traitement local et frein aux législations nationales

  • Le secteur privé structurant pour renforcer les capacités locales de traitement
  • L’économie circulaire, tremplin d’un entrepreneuriat florissant
  • Organiser la contribution des entreprises : la responsabilité élargie des producteurs (REP) encore en chantier, les écotaxes en débat

5. une société civile revendicative au poids grandissant dans les politiques déchets

  • La société civile face aux nuisances locales des déchets
  • Des projets porteurs de solutions locales avec le soutien d’acteurs régionaux
  • Vers un rôle de co-construction des politiques publiques ?

Grands enseignements

  • L’État marocain s’est distingué depuis une douzaine d’années par une importante production législative et institutionnelle pour encadrer et impulser l’amélioration de ses systèmes de collecte et de traitement des déchets, dans la lignée de ses ambitions environnementales et climatiques. Malgré le mouvement de décentralisation entamé depuis 2011, le cadre de gouvernance politique pèche néanmoins en efficacité.
  • Les villes marocaines se sont illustrées par des progrès opérationnels dans la chaîne de collecte, en dépit de faibles capacités de planification régionales, provinciales et préfectorales (17 plans achevés sur 67 lancés). 25 centres d’élimination et de valorisation ont été créés depuis 2008.
  • Dans la filière « tri-recyclagevalorisation », la priorité est donnée à la professionnalisation de la collecte et à la réduction des taux de mise en décharge. La valorisation énergétique des déchets par biométhanisation (Kenitra, Fès, Oum Azza), incinérations et conversion en CSR avance au prix d’une stagnation des performances de recyclage (6 % aujourd’hui pour un objectif de 20 % en 2030).
  • Le secteur privé est un rouage essentiel du dispositif visant à améliorer le traitement des déchets, via les contrats délégués de gestion de services d’hygiène et des décharges. De grandes entreprises (Suez, Lafarge) investissent massivement dans le secteur au Maroc, tandis qu’un écosystème de PME se développe pour proposer des solutions locales, souvent à l’initiative de jeunes entrepreneurs.
  • Focalisé sur les problématique sociales et les pollutions générées par les décharges sauvages, le Maroc peine encore à diffuser une culture du tri et de sobriété pour réduire la production de déchets à la source, à l’image des difficultés à appliquer la loi ZeroMika.
  • Enfin, la société civile s’empare largement du sujet, jouant tantôt le rôle de lanceur d’alerte (ZeroZbel contre le plastique, le CPE contre la décharge de Médiouna), tantôt se faisant force de proposition en jouant la carte de la coalition d’acteurs (AESVT,
    AMCDD).