De retour du Global Climate Action Summit, San Francisco 12-14 Septembre 2018

Retour sur la participation de Climate Chance au Global Climate Action Summit qui a eu lieu du 12 au 14 Septembre 2018 à San Francisco.

De nombreuses rencontres et participations aux événements

Une délégation Climate Chance a participé au Global Climate Action Summit (12-14 Septembre, San Francisco), événement majeur de l’agenda climat 2018.

Voir le programme de la délégation ici

Bernard Soulage, Secrétaire Général de l’association, Leila Yassine, coordinatrice des programmes pour l’Afrique étaient présents, ainsi que Vincent Kouaoh N’Cho, Vice-Gouverneur d’Abidjan, représentant les co-organisateurs du sommet Climate Chance – Afrique tenu à Abidjan les 28 et 29 juin dernier.

Messieurs Soulage et N’Cho sont intervenus dans plusieurs sessions, relayant les messages du sommet Climate Chance – Afrique un des seuls événements Talanoa sur le continent africain et qui constitue à ce jour le rassemblement le plus important et le plus représentatif d’acteurs non-étatiques du climat en Afrique.

Durant la plénière d’ouverture de l’événement Renforcer la résilience aujourd’hui pour un avenir soutenable, avec un panel de haut-niveau composé de Mary Robinson (Présidente, Mary Robinson Foundation – Climate Justice, et ancien président d’Irlande), Inia Seruiratu,( Ministre Fidjien de l’agriculture, du développement rural et maritime et du désastre national), Mr. Vincent Kouaoh N’CHO, Vice-Gouveneur d’Abidjan, a présenté le plan de résilience qui est au cœur de la politique de sa ville, permettant ainsi le travail avec les communautés vulnérables, surtout les femmes. Il a aussi mentionné les messages clé du Sommet Climate Chance 2018- Afrique en citant le bénéfice de rassembler une grande diversité d’acteurs non-étatiques et de partager ainsi les bonnes pratiques dans le combat contre le changement climatique.

Dans l’après-midi du 11 septembre, la délégation Climate Chance s’est rendue au Musée historique de l’ordinateur dans la Silicon Valley pour un Side-event co-organisé par Climate Chance et le Conseil des Communes et Régions d’Europe : Comment la haute-technologie peut-elle aider à développer des politiques publiques à l’échelle locale ?

Dans cet événement affilié, les intervenants (maires et ancien Premier ministre roumain) ont proposé des exemples d’innovation, du développement du secteur économique des énergies vertes, des actions des gouvernements locaux, de l’implication des décideurs politiques et de la manière dont les entreprises de haute technologie peuvent aider les gouvernements infranationaux dans leurs programmes climatiques. Mr. N’CHO a présenté un projet de la ville d’Abidjan qui encourage les jeunes entrepreneurs à créer des outils pour trouver des solutions durables à travers la haute technologie. Bernard SOULAGE a quant à lui parlé de la mobilité dans les villes. En effet une mobilité durable qui réduit la pollution et les embouteillages entraîne une utilisation massive et régulée des nouvelles technologies afin d’optimiser les transports non-polluants et communs.

Le 13 Septembre Mr. N’CHO était invité comme intervenant à un débat organisé par NG4SD Lien entre zones rurales et urbaines et rôle clé des gouvernements locaux dans la réalisation des objectifs de développement durable. Il y a fait état de la coopération trans-frontalière Burkina Faso- Mali- Sénégal née au sommet Climate Chance 2018- Afrique pour une gestion plus durable de la forêt et de l’agriculture.

Ce sommet a aussi permis à la délégation Climate Chance de rencontrer le maire de Quelimane (Mozambique) M de Araujo, vice-président de ICLEI-Afrique, et de lui présenter la déclaration des élus locaux qu’il a signé, offrant même la possibilité d’un prochain évènement au Mozambique et de transmettre la déclaration à signer à d’autres maires membres de ICLEI Afrique.

La délégation a participé aussi aux plénières d’ouverture et de clôture du sommet, lui permettant ainsi de comprendre les enjeux en cours, d’assister aux prises d’engagements de différents acteurs non-étatiques.

Parmi les éléments à retenir des deux jours du sommet :

– L’Agence Française du Développement multiplie par 2 son financement pour les projets des gouvernements locaux en partenariat avec le C40. Nouveau rapport publié le 13 concernant le soutien aux villes et création d’une base de données (toutes les meilleures pratiques dans les communautés financières)

– The European Investment Bank (EIB) va procurer du conseil aux villes afin de les aider à développer leurs propres infrastructures pour combattre les effets du changement climatique. C’est un partenariat entre EIB et GCOM (Global Covenant of Mayors) avec le lancement du « Global City Challenge » (conseil/accès aux solutions financières/ accès aux finances avec visibilité). L’encouragement est particulièrement destiné aux pays africains. Partenariat aussi entre C40/ICLEI/GIZ afin d’harmoniser le travail dans les villes.

Le Global Call for Action a été publié à la fin du sommet. Il énonce les nombreux engagements pris et appelle les Etats à réévaluer ambitieusement leurs contributions déterminées au niveau national dès 2020. Cet appel cite le Dialogue de Talanoa et le sommet UNSG qui sera réuni à New York en 2019 comme des étapes clés pour faire progresser l’ambition climatique.

Note d’impressions de Bernard Soulage, secrétaire général de Climate Chance

Impressions d’ensemble

  • Le Global Climate Action Summit est évidemment un important succès de participation avec plus de 5000 inscrits et énormément de sessions parallèles, plus de 300 dispersées dans la ville ou d’autres lieux, et 2 événements particulièrement importants organisés en parallèle du sommet : l’après-midi des villes (cities event) qui a réuni de nombreux élus du monde entier et le dialogue de Talanoa porté par la Présidence Fidjienne.
  • On notera une très forte participation des élus américains notamment des villes avec une participation trans-partisane et quelques grands élus républicains prenant clairement position contre la sortie de l’accord de Paris. Au total le manifeste « We are Still in » est porté aujourd’hui par 3500 collectivités étasuniennes.
  • On notera également une grande différence entre les participants aux divers panels qui étaient largement représentatifs du monde entier et de la plupart des groupes majeurs y compris les peuples autochtones ou les représentants des groupes minoritaires et le public du sommet lui-même qui était très largement « blanc et américain ».

La manifestation était très « top-down » même dans les sessions parallèles et la plupart des side-events. Il n’y a donc pratiquement jamais eu d’échange ni avant le sommet ni pendant.

  • Il y a eu essentiellement des annonces d’engagements parfois spectaculaires notamment sur la mobilité (cf ci-dessous), des élus locaux et d’assez nombreuses entreprises notamment du secteur de l’énergie.
  • À l’inverse il n’y a eu que très peu d’interventions portant sur l’évaluation des engagements déjà pris ou sur les méthodes qui pourraient y conduire. Quelques éléments ont été avancés mais il reste beaucoup à faire.
  • On note également une présence extrêmement importante du business, ce qui n’a rien d’étonnant dans la culture US, mais dont il est assez difficile de savoir ce qui relève d’engagement sincère, réalisable et évaluable ou de « greenwashing ». Je noterai particulièrement la présence extrêmement forte des GAFA et notamment de Google qui a présenté des applications extrêmement impressionnantes du « big data » pour la mobilité ou la production d’énergie ou la protection de la biodiversité. Leur avance est très impressionnante (et….inquiétante?). Il est en tout cas frappant de voir à quel point ils sont acclamés dans un tel lieu.
    A contrario, la place des start up a été relativement faible dans le programme officiel du GCAS lui-même mais elles tenaient le haut du pavé dans les side events. Toutefois la révolution numérique n’a pas été autant associée à la lutte contre le dérèglement climatique que l’on aurait pu le penser surtout en Californie. Une forme d’étanchéité entre les deux problématiques demeurent peut être notamment dans l’esprit des décideurs des collectivités locales plus habitués aux « grands systèmes ».
  • La présence française s’est révélée particulièrement faible qu’il s’agisse des entreprises où il n’y avait que EDF et Air liquide en plénière et quelques autres (dont ENGIE)  participant à différents événements de haut niveau. Du côté des institutions, seule l’AFD est apparue clairement. Les collectivités territoriales françaises ont été absentes à l’exception d’Anne Hidalgo bien sûr, en tant que présidente du C40. Il faut noter que nos partenaires européens mais aussi des pays latino américains ou africains (très majoritairement anglophones) étaient beaucoup mieux représentés au niveau de ces collectivités territoriales. Ceci reflète d’ailleurs le grand recul de la présence française dans le monde alors que notre pays était pionnier de la coopération nationale ou décentralisée.

Sur la mobilité :

Un focus sur la mobilité est utile parce que c’est clairement le thème qui a été le plus abordé comme porteur d’une vraie évolution. La mobilité était au cœur de très nombreuses interventions notamment de tous les élus locaux présents et de toutes les parties du monde.

  • L’évolution la plus spectaculaire concerne les élus américains des villes et des Etats qui ont fait clairement de ce sujet une priorité et sont déjà passés à l’action comme c’est déjà le cas à San Francisco à Seattle ou à Vancouver…ou vont le faire
  • Une première grande évolution est l’accélération manifeste du passage aux véhicules électriques notamment pour le transport public dans la plus grande part des villes présentes avec quelques annonces spectaculaires dont celle de Los Angeles avec un passage au tout électrique en 2025 de la flotte municipale soit une commande de 25 000 véhicules électriques.
  • Une autre constatation assez importante et rassurante réside dans la prise en compte manifeste par de nombreux élus du lien indissociable entre mobilité durable et urbanisation-densification. Entendre cela au cœur même d’un des endroits où l’urbanisation est la plus étalée au monde traduit une vraie prise de conscience d’un problème global pour lutter contre le changement climatique et un certain changement de paradigme y compris par rapport à ce que l’on pouvait entendre à Paris lors de la COP21 de la part des mêmes personnes. Il est désormais affirmé de plus en plus clairement que tout n’est pas dans le changement de technologie ou d’énergie.
  • Les discours restent en revanche très vagues sur l’énergie qui permettra de développer tous ces réseaux nouveaux et notamment le passage au tout électrique. Comme à Montréal pour « Moovin’on », les partisans de l’hydrogène ont fait valoir les qualités de cette solution mais malgré l’annonce assez sensationnelle d’Air liquide de produire son hydrogène de façon neutre en carbone  en 2030, l’ensemble des spécialistes restait  très dubitatif dans la session de haut niveau consacrée à cette question.
  • J’ai eu le sentiment, mais cela reste évidemment à confirmer, que notamment du côté des élus locaux la prise de conscience s’était très fortement amplifiée et les poussait à des stratégies globales y compris de reprise de contrôle de certaines de leurs activités et services publics dans des secteurs qui était jusqu’à présent très peu régulés. Ceci ne vaut d’ailleurs pas que pour les États-Unis mais à mon sens pour l’ensemble des participants.
  • Il s’agit surement du thème sur lequel la place des start-up a été le plus mis en évidence mais ce fut autant pour en souligner l’apport sur des solutions innovantes flexibles et moins onéreuses que pour en souligner le caractère parfois très inquiétant par exemple sur le partage de l’espace public ou la sécurité. Ces deux questions ont été largement reprises par des élus et experts de toutes les nations présentes au GCAS.
    De ce point de vue je continue de penser que le modèle français de DSP et de régulation est toujours une valeur exportable.

Presse

Lire l’article sur le point de vue de Bernard Soulage interrogé par le Journal de l’environnement

Lien vers l’émission C’est pas du Vent de RFI