Déchets • Entre flux illégaux et recyclage local, le traitement des déchets en pleine reconfiguration

Les interdictions d'importation de déchets plastiques en Asie ont perturbé les logiques commerciales, mais n'ont pas encouragé les pays exportateurs à améliorer leur traitement des déchets. Les déchets plastiques, vus comme une ressource dans les pays en développement, sont à l’origine d’un commerce où les gains sont asymétriques.

Année de publication

2022

Rédacteur

Observatoire Climate Chance

Si les logiques géopolitiques ont été bousculées depuis les interdictions asiatiques d’importations des déchets plastiques qui ont commencé avec la Chine en 2018, elles se sont déplacées et n’ont pas eu pour effet d’inciter à un traitement plus efficace des déchets chez les pays exportateurs. Considérés comme une ressource dans les pays en développement, là où ils sont perçus comme des déchets dans les pays développés, les déchets plastiques sont à l’origine d’un commerce où les gains sont asymétriques. Cependant, l’urgence de leur traitement s’accompagne également d’une prise de conscience qui s’observe dans les grands textes transnationaux et dans les initiatives locales.

  • Les interdictions asiatiques dévient les flux de déchets vers de nouvelles destinations
  • Reconnus comme des déchets dangereux, les plastiques alimentent trafics illégaux
  • Les réseaux informels sont en ligne de mire des restrictions contre la pollution plastique
  • Au niveau local, régional ou national, des initiatives éclaircissent néanmoins l’avenir du traitement des déchets

Les interdictions d’importations des déchets plastiques prononcées par la Chine en 2018 – suivies par certains pays voisins – ont souligné la faiblesse des capacités locales de recyclage dans les pays industrialisés exportateurs de déchets. La relocalisation urgente du recyclage de millions de tonnes de plastiques a également mis en lumière les conditions précaires de leurs pratiques de recyclage. En parallèle de ce processus et dans le cadre de la convention de Bâle, la dénomination et le contrôle des déchets représentent un enjeu important pour éviter le contournement des règles internationales et des accords bilatéraux. En effet, les trafics illégaux des déchets font partie des réseaux les plus organisés de crimes environnementaux et si les exportations de déchets plastiques vers les pays d’Asie du Sud-Est ont diminué officiellement, les transferts illégaux ont parfois remplacé les transferts autrefois légaux, conduisant à des pratiques de recyclage non officielles et plus dangereuses. L’Europe a fait quelques progrès en matière de recyclage des polymères mais fait face aux limites de ce type de traitement pour véritablement réduire les émissions du secteur et pour bifurquer vers une économie circulaire, qui passe d’abord vers la prévention de leur production et par la valorisation de la réutilisation des ressources.